YouTube et Dailymotion toujours fragilisés par des contenus illicites
Par Christophe GuilleminZDNet France
10 mai 2007
Analyse - Spider-man 3, des émissions de TV, des matchs de foot... Les contenus protégés continuent d'alimenter les sites de partage YouTube et Dailymotion. Conséquence, l'américain est attaqué de toute part, le français va mettre à jour son système de filtrage.
YouTube comme Dailymotion ne parviennent pas à faire le ménage dans leur service de partage de vidéos. Des contenus protégés par le droit d'auteur continuent d'y être publiés, malgré les promesses d'intégration de dispositifs de modération et de filtrage des publications des internautes.
Dernier exemple en date, le film Spider-man 3 posté en intégralité sur la plate-forme française Dailymotion le 8 mai. Le long métrage n'a été en partie supprimé que ce jeudi 10 mai à 15h 30; il aura donc été accessible dans son intégralité, depuis un simple navigateur, durant deux jours.
Les internautes ont pu voir un screener en version française, un enregistrement réalisé au moyen d'un caméscope dans une salle. Le film de Sam Raimi durant près de 2h 20, il a été publié en huit fichiers - sept étaient toujours accessibles ce jeudi après-midi.
L'auteur de la vidéo, un certain "alexis78220", serait un jeune internaute de 14 ans, à en croire ce qu'il indique sur sa fiche de Dailymotion.
Une modération basée aujourd'hui sur des signalements
Contacté par ZDNet.fr, Dailymotion assure disposer d'un système de modération qu'il compte prochainement faire évoluer. Aujourd'hui, son système de filtrage est basé sur le signalement d'un contenu protégé, qui, une fois supprimé, ne peut ensuite être republié, assure l'éditeur du site.
«Chaque fichier contient une signature et dès lors que le contenu a été signalé et supprimé une première fois, nous ajoutons cette signature a une base qui est confrontée à chaque upload [publication des vidéos]. Cela empêche une vidéo déjà supprimée d'être mise à disposition une seconde fois», indique un responsable.
Selon un calendrier non précisé, Dailymotion va passer au système Audible Magic, proposé par la société californienne éponyme. «Nous avons signé un accord avec Audible Magic. Nous allons bientôt débuter l'implémentation de leur solution.»
Elle est censée repérer un contenu protégé dans les séquences postées par les internautes. «La solution d'Audible Magic est intelligente. Elle permet de reconnaître une oeuvre protégée même sur un contenu piraté, puisqu'elle se base notamment sur le spectre sonore de la vidéo protégée. Ainsi si nous avons l'empreinte de l'original, nous allons être en mesure de détecter la vidéo piratée.» Reste à voir si ce système sera efficace.
Contacté par ZDNet.fr, Gaumont Columbia Tristar Films (Sony Pictures), le distributeur de Spider-man 3, n'a pas retourné nos appels.
YouTube attaqué de toute part
La
plate-forme américaine YouTube continue elle aussi d'afficher des
contenus qui violent la réglementation sur le droit d'auteur.
Conséquence: les attaques en justice à son encontre se multiplient.
Dernière
en date, la plainte déposée conjointement par la Premier League, le
championnat anglais de football de première division, et la maison de
disques indépendante américaine Bourne auprès d'un tribunal de
Manhattan, à New York. Ils réclament des dommages et intérêts dont le
montant n'a pas été communiqué.
Parallèlement,
le groupe de télévision NBC et le groupe de médias Viacom ont lancé une
procédure juridique contre YouTube, pour le forcer à filtrer les
contenus piratés envoyés par les internautes.
NBC
avait pourtant passé un accord avec le site de partage vidéo pour
éviter que des clips piratés de ses émissions n'y apparaissent. Un
accord qui n'a manifestement pas porté ses fruits. Quant à Viacom, il
avait déjà déposé une première plainte en mars dernier contre YouTube
en réclamant plus d'1 milliard de dollars de dommages et intérêts.
Contacté
par l'AFP, Google, maison mère de YouTube, estime respecter la loi
américaine. «Nous remplissons nos obligations légales, qui prévoient de
facilement retirer (les vidéos incriminées) et qui protègent contre les
poursuites les hébergeurs comme YouTube», a indiqué un porte-parole.
La justice devra donc trancher sur la viabilité juridique de cette position d'hébergeur défendue par YouTube.